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UNE DE PERDUE

long, un capot rapé trop large, et dont les basques pendaient jusqu’à ses talons, lui donnaient une apparence grotesque.

Il fit, en entrant, un salut si comique, que tous les officiers partirent d’un éclat de rire.

— D’où venez-vous, bonhomme ? lui demanda le colonel Wetherall.

— Moi, pas capable pour parler anglish, répondit le colporteur.

— Il demande d’où vous venez, interpréta M. de Rouville.

— De Belœil.

— Vous êtes colporteur ? Qu’avez-vous à vendre ?

— Toutes sortes de choses ; du galon, du fil, des dragées, du tabac, des pipes, etc.

— Est-ce que votre chien danse ?

— Oui. Des gigues et des menuets. Voulez-vous le voir danser ? Ça ne vous coûtera que deux sols pièce.

Le colporteur détacha son chien, lui fit signe de se mettre sur les pattes de derrière ; puis, prenant dans sa cassette une petite trompe, ou guimbarde, qu’il mit entre ses dents, la tenant de la main gauche, il commença à en jouer un air lent, en touchant avec l’index de sa main droite la petite languette recourbée. Le chien se balança, à droite, à gauche, faisant des sauts mesurés, cadensés ; puis le musicien, accélérant la mesure, fit faire au chien des pas et des gambades, qui amusèrent beaucoup le colonel et ses compagnons.

Après avoir fait danser et sauter son chien quelque temps, le colporteur remit sa guimbarde dans sa cassette, caressa le chien, dans la gueule duquel il