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UNE DE PERDUE

lante ; il faisait l’invitation si cordialement que St. Luc crut ne pouvoir refuser et il accepta.

À six heures, le diner fut servi. M. de Rouville faisait magnifiquement les honneurs de sa table. Il fit placer St. Luc près de lui, à sa droite. Le colonel Wetherall occupait un des bouts de la table et les officiers étaient assis autour. La famille de M. de Rouville ne descendit point au diner.

— C’est un diner de garçons, comme vous voyez, Monsieur ; ma femme n’est pas bien, dit M. de Rouville ; vous voudrez bien l’excuser. Vous n’en mangerez pas avec moins d’appétit, j’espère ; car il paraît que vous venez de St. Charles. A-t-on des nouvelles de St. Denis ?

— Vous avez sans doute appris qu’il y a eu bataille à St. Denis, hier.

— Non, nous n’en avons rien su. Et quel en a été le résultat ?

— Les troupes ont été obligées débattre en retraite.

— Entendez-vous cela, colonel ? dit M. de Rouville ; les troupes ont été battues à St. Denis.

— Oui ! quand ?

— Hier.

— Se sont-ils battus longtemps ?

— Toute la journée, répondit St. Luc ; le soir le colonel Gore a retraité vers St. Ours.

— Les rebelles étaient-ils en grand nombre ? demanda le colonel.

— Une cinquantaine seulement ont tenu la troupe en échec pendant toute la journée.

Le colonel se mordit les lèvres, et M. de Rouville toucha de son pied le genoux de St. Luc en signe de satisfaction.