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DEUX DE TROUVÉES.

— Diable ! pensa St. Luc, on vit sur le qui-vive par ici. Il faut bien des cérémonies pour laisser passer un particulier.

Après l’échange de la consigne, St. Luc et celui qui l’accompagnait, entrèrent dans une belle et longue avenue qui aboutissait à l’entrée principale de la maison. Il y avait également une sentinelle devant la maison.

En entrant. St. Luc demanda à voir M. de Rouville.

— Il faut que vous voyiez le colonel auparavant, répondit un officier que l’on avait averti de l’arrivée d’un prisonnier et qui était venu au-devant de lui. Veuillez passer dans cette chambre.

St. Luc entra dans une grande chambre, richement meublée, dans laquelle était le colonel Wetherall et cinq à six officiers qui causaient, chantaient et riaient en attendant le diner.

— Qui êtes-vous ? demanda le colonel.

St. Luc, sans répondre, tira de son portefeuille le sauf-conduit que lui avait donné le Gouverneur, Après l’avoir lu et en avoir examiné la signature, il fit signe à un officier d’approcher et lui demanda s’il connaissait la signature. Celui-ci prit le papier, mais avant qu’il l’eut examiné, un de ceux qui étaient assis sur le sofa s’approcha en disant C’est peut-être une signature contrefaite.

St. Luc, déjà blessé de la conduite de ces officiers, ne put retenir son indignation, et saisissant par le bras l’officier qui venait d’émettre cette blessante opinion, il lui dit :

— Je m’appelle « de St. Luc ; » je loge à Montréal à l’hôtel Rasco ; dans ce village je n’ai point encore de logement, mais j’y serai jusqu’à midi, demain.