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UNE DE PERDUE

— Maintenant, M. de St. Luc, je vais vous quitter ; il faut que j’arrête à cette maison-ci. Vous n’avez plus qu’une petite demi-lieue pour vous rendre à St. Hilaire ; vous voyez le clocher de l’église d’ici. M. Rouville demeure un peu plus loin, dans une belle maison de briques.

St. Luc continua sa route seul, et arriva bientôt au village, à l’entrée duquel un piquet des Royaux l’arrêta.

— D’où venez-vous, lui demanda celui qui commandait le piquet.

— De St. Charles.

— Où allez-vous ?

— Chez M. Hertel de Rouville.

— Il faut que vous voyez le colonel, il est chez M. de Rouville ; je vais vous faire accompagner.

— M’arrêtez-vous ?

— Oui, ce sont les ordres. Mais comme vous allez là où est le colonel, un soldat ira avec vous, et vous pouvez rester à cheval ; mais ne cherchez pas à vous échapper, il a ordre de tirer.

— Je n’ai pas envie de m’échapper ; au contraire, je suis bien aise de me faire montrer la maison.

Il commençait à faire nuit, et les lumières étaient allumées, quand il arriva au manoir. Il y avait une sentinelle, en faction à la barrière, au bout de l’avenue, par laquelle il fallait passer pour se rendre au manoir.

— Qui va là ? cria la sentinelle en abaissant son mousquet.

— Numéro trente, avec un prisonnier ! répondit le soldat qui accompagnait St. Luc.

— Avance, numéro trente, et donne la consigne.