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UNE DE PERDUE

s’arrêtèrent pour écouter. Ils ne virent rien, et se consultèrent un instant, puis se remirent au trot. Les deux jeunes gens se mirent à crier dans leurs cornes. Les cavaliers se croyant attaqués ou sur le point de l’être, piquèrent au galop pour rejoindre l’arrière-garde, qui était considérablement en avant. En arrivant au pont deux des chevaux tombèrent et roulèrent dans la coulée ; leurs cavaliers se relevèrent, et, sans chercher à reprendre leurs montures, se mirent à courir à toutes jambes pour rejoindre le reste du piquet qui allait du côté de St. Ours, où, en ce moment, arrivait l’arrière-garde.

— Il y a toujours bin là deux j’vaux, dit l’un des deux jeunes gens, faut pas les laisser mourir. Allons voir ; s’ils ne sont pas morts, on les mettra dans la prairie et on viendra les chercher demain. Qu’en dis-tu, Pierre ?

— Allons. Et les selles on les cachera sous l’pont, pour qu’la neige ne les abîme pas.

Le galop des chevaux avait un peu couvert le bruit de la corne de ceux qui étaient à la coulée, mais aussitôt que Siméon et son compagnon, ainsi que ceux qui étaient par derrière, répondirent, les soldats surpris et effrayés se réunirent en peloton ; ils étaient une cinquantaine. Ils restèrent quelques minutes immobiles, ne sachant quel parti prendre, ni de quel côté tourner. Entendant le son des cornes en avant, dans les champs, et par derrière, ils se crurent perdus, pensant que tous les habitants de St. Denis les poursuivaient ; ils se mirent à fuir, pêle-mêle, dans la direction de St. Ours.

Siméon et ses gens, arrivés au pont de la coulée, s’empressèrent de le défaire complètement.