Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
UNE DE PERDUE

— Pourquoi pas ? D’ailleurs nous allons bientôt le savoir, voilà la maison.

En rentrant, ils trouvèrent réunies une dizaine de personnes. Cinq à six d’entre elles, les mains et le visage noircis de poudre, les habits déchirés, étaient assises devant un grand feu de cheminée, dans laquelle bouillait un immense chaudron accroché à la crémaillère. C’était la soupe qui se préparait pour ces braves, qui, après s’ètre battus toute la journée sans manger, étaient épuisés de faim et de fatigues.

Dans un des coins de la chambre, un groupe de trois à quatre jeunes gens écoutaient debout un homme, d’une quarantaine d’années, gros, trapu, avec barbe noir touffue, chaussé de bottes de bœuf, qui leur racontait ce qui s’était passé durant la journée, dans la maison de pierre, où s’étaient barricadés les patriotes. Il avait sur la tête un casque de loup marin, dont l’absence de poils en plus d’un endroit accusait un long service.

L’entrée des deux nouveaux venus interrompit la narration du conteur qui se leva, et qui allant au devant d’eux, dit :

— On t’a envoyé chercher, Siméon, pour te demander si tu veux te joindre à nous ?

— Tiens, c’est toi, Meunier ! mais tu devais aller à St. Charles.

— J’y suis allé aussi ; et de là je suis parti pour Maska, mais rendu au quatrième rang, j’ai rencontré une dizaine d’habitants qui se rendaient à St. Denis. J’ai fait route avec eux, et nous sommes arrivés un peu avant la bataille. Ça n’empêche pas que je serai à Maska demain à midi ; j’ai envie d’aller à St. Ours