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UNE DE PERDUE

peur qu’elle ne fut atteinte par les balles si elle était allée, comme il avait toute raison de le croire, le long du bayou pour amarrer les pirogues au fond de l’étang, formé par l’un des coudes du bayou, et dans lequel un remou entraînait toujours les pirogues, chaque fois que, par accident ou autrement, elles étaient détachées du rivage. Ces réflexions, jointes à la menace de Lauriot de le faire prisonnier, le déterminèrent à découvrir où devaient se trouver les embarcations.

Ajoutons ici néanmoins, afin de ne pas laisser le lecteur sous l’impression que Lauriot aurait voulu exposer ainsi sans raison la vie de la femme du vieux Laté, qui pouvait n’être pas coupable de complicité, qu’il avait recommandé tout bas à Sir Arthur, de faire tirer en l’air. Le vieux Laté, qui ignorait cette recommandation, avait véritablement cru que le feu était dirigé de manière à frapper toute personne qui pourrait se trouver soit sur les bords du bayou ou dans quelqu’embarcation sur l’eau ; et il était dans de cruelles transes, s’attendant, après la décharge, à quelque tragique événement.

— Mais vous n’êtes pas sérieux, monsieur, sûrement ! Savez-vous que si vous n’arrêtez pas vos gens, vous vous exposez à tuer ma femme, qui sera peut-être allé voir si elle ne trouverait pas les embarcations que le courant a peut-être détachées du rivage !

— Comment, vieux coquin, vous dites cela comme si vous vouliez me faire croire que vous ignoriez qu’elles fussent ou dussent être mises hors de notre pouvoir ! — Votre empressement à nous faire souper s’explique assez maintenant.

— Véritablement, je ne vous comprends pas, mon-