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UNE DE PERDUE

bout. Il y avait plusieurs personnes dans les rues qui parlaient un instant et disparaissaient pour aller un peu plus loin. Il demanda à un homme qui portait un fanal, s’il pourrait trouver un logement et une bonne écurie pour son cheval.

— À l’autre bout du village, lui répondit-on.

Après assez de difficultés, il trouva enfin ce qu’il cherchait.

Il apprit bientôt que l’on savait que les troupes étaient en marche sur le village, et qu’on se préparait à leur résister. Il s’aperçut aussi que plusieurs personnes le regardaient d’un œil soupçonneux et même malveillant, surtout quand il eut dit qu’il venait de Sorel, et qu’il avait marché toute la nuit. Il s’était fait donner une chambre afin d’éviter les questions que chacun venait lui faire sur la marche des troupes, leurs desseins, leur nombre.

Il y avait à peine dix minutes qu’il était dans sa chambre, lorsqu’il entendit frapper doucement à sa porte, il ouvrit à une jeune fille qui lui dit bien bas :

— Monsieur, on parle de vous arrêter comme espion ; sauvez-vous.

— Merci, ma belle, dit St. Luc ; dites-moi donc qui est-ce qui commande dans le village.

— C’est le docteur Nelson.

— C’est bon, ne t’occupes pas, je vais aller le voir ; y a-t-il ici quelqu’un pour me conduire ?

— Oui, mon frère ira avec vous.

— Dis-lui de se tenir prêt, je vais descendre.

Quand on apprit que le Monsieur voulait voir le docteur Nelson, ceux qui désiraient l’arrêter dirent