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DEUX DE TROUVÉES.

ou elles doivent se rendre ; et elles s’y rendront, si ce n’est par ce chemin ce sera par un autre : ainsi, tout bien considéré, je continue. Seulement, comme nous ne devons pas être loin du village, et qu’il n’est guère plus de trois heures et demie, je vais continuer au pas. Quant à vous, M. de St. Luc, il est inutile que vous m’attendiez : votre cheval ne parait pas trop fatigué, vous pouvez prendre les devants. Si vous rejoignez le régiment, veuillez prier le colonel d’envoyer quelqu’un au-devant de moi.

— Je ne désire pas vous laisser. Si vous retourniez, je continuerais vers St. Denis, parce qu’il faut que je m’y rende ; mais puisque nous faisons route du même côté, j’aime autant aller le pas avec vous.

— Que ce ne soit pas pour moi ; car, à vous dire le vrai, je n’aimerais pas trop approcher du village. Si vous preniez les devants, je pourrais à peu près calculer le temps qu’il vous faudrait pour y arriver ; et si je ne voyais personne venir au-devant de moi, ça serait un signe que le régiment ne s’y est pas rendu. Dans ce cas, au lieu d’avancer je retournerais sur mes pas ; ce qui vaudrait bien mieux que d’aller me jeter dans la gueule du loup.

— Si vous le préférez, je prendrai les devants.

— Je le préfère.

St. Luc partit au galop. Au même instant, on entendit encore le bêlement d’un mouton qui, cette fois fut répété de distance en distance, à mesure que St. Luc avançait.

Quand il arriva dans le village de St. Denis, il remarqua une grande agitation ; dans presque toutes les maisons il y avait des lumières, et du monde de-