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UNE DE PERDUE

Le village était en effet éclairé. À chaque maison il y avait des chandelles dans les fenêtres, mais le village était tranquille ; toutes les portes des maisons étaient fermées ; on n’entendait pas d’autre bruit que le sifflement du vent et le hurlement de quelques chiens ; on ne voyait personne dans les rues. Ils passèrent devant l’église ; ils traversèrent le village, rien.

Ils firent encore environ deux lieues, quand tout-à-coup le cheval de St. Luc se cabra, fit un saut, et celui de Weir tomba ; au même instant ils entendirent un bêlement, comme si le bruit qu’avait fait le cheval eût effrayé quelques moutons.

— Vous êtes-vous fait mal ? demanda St. Luc qui était descendu de cheval pour aider son compagnon à se relever.

— Non, mais je crains que mon cheval ne soit blessé. Voyez-donc, c’est un petit pont qui traversait le chemin et dont on a enlevé les planches.

— Votre cheval n’a pas de mal ; remontez et continuons.

— Ce pont m’inquiète.

— Comment ça ?

— Il a été défait par malice ; on nous guette ; je crains une embûche. Les troupes ne sont pas passées par ce chemin ; il doit y en avoir un autre.

— Je crois aussi. Qu’allez-vous faire ?

— Et vous ?

— Moi, je continue. Je n’ai rien à faire avec les troupes ; vous, c’est différent.

— J’ai envie de retourner. Mais, pourtant à quoi bon ? Je ne pourrais les retrouver. Mes ordres sont de donner mes dépêches et d’aller jusqu’à St. Denis,