Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
UNE DE PERDUE

de la porte du poêle, et fumait dans une vieille pipe courte et noire.

— Me permettez vous d’entrer un instant, pour me réchauffer, monsieur ? dit St. Luc.

— Certainement, certainement ; répondit l’habitant en se levant et approchant une chaise. Y fait une mauvaise nuit ; chauffez-vous.

St. Luc, voyant que cet homme était seul, appela le lieutenant.

— Otez-donc vos capots, pour secouer la neige, dit l’homme à la tuque bleue en s’adressant au lieutenant et apportant une seconde chaise. J’suis bien curieux, mais y’ou allez-vous donc de c’pas là ?

— Parler pas français ; répondit le lieutenant.

— Ah ! Mossieu est anglais ! very gout, very gout ; c’est vous prendre whisky ? bonne pour di estomac ! en prendrez-vous, Mossieu, dit-il, en se retournant, vers St. Luc et lui présentant un verre et un flacon, qu’il avait pris sur un buffet.

— Ça ne se refuse pas, répondit celui-ci. À votre santé.

— À la vote. J’suis bein curieux ; mais y’ou allez-vous donc ?

— Monsieur va à St. Ours ; et moi, je me rends jusqu’à St. Denis. À propos y a-t-il longtemps que les troupes sont passées ?

— Les troupes ! quelles troupes ?

— Des troupes qui vont à St. Ours.

— J’n’en ai pas vu. À moins qu’elles aient passé pendant qu’j’e dormais, car j’viens de m’lever.

— Y a-t-il un autre chemin pour aller à St. Ours ?

— Non, c’est l’bon ; vous y arrivez ; n’y a pu qu’an-