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DEUX DE TROUVÉES.

— La neige les couvre. Poussons encore, nous ne devons pas tarder à les rejoindre.

Et ils se remirent au galop. Le terrain devenait de plus en plus difficile ; les chevaux avaient de la peine à continuer une course aussi rapide. Celui du lieutenant avait butté deux ou trois fois.

— Mon cheval n’en peut plus, dit le lieutenant, il faut que je le mette au pas.

— J’aperçois une lumière ; nous allons entrer. Pendant que nous prendrons des renseignements, nous laisserons souffler nos chevaux. Qu’en dites-vous ?

— Je n’ose entrer. Je crains d’être reconnu.

— Et qui voulez-vous qui vous reconnaisse ici ? vous dites que vous n’y êtes jamais passé.

— Les habitants viennent souvent à Montréal, ils m’ont probablement vu. Dans ce moment-ci, tout étranger leur est suspect.

— Et ne suis-je pas étranger aussi ?

— C’est vrai ; mais vous parlez le français, et vous n’avez pas de mission importante et pressée ; je pourrais être arrêté.

— Vous avez peut-être raison. Attendez, je vais entrer seul ; s’il n’y a pas de danger, je vous appellerai ; s’il y en a, je vous avertirai.

— Je vais rester à cheval au milieu du chemin.

St. Luc s’approcha de la maison, attacha son cheval, par la longe de son licou, à un poteau qui était près de la porte et entra.

Un homme d’un certain âge, en chemise de laine, tuque bleue sur la tête, pantalons gris d’étoffe du pays, était assis sur un petit banc de bois au-devant