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DEUX DE TROUVÉES.

— Où est cet officier ?

— Dans la bar.

La bar, salle où l’on débitait les boissons, était pleine de monde. Une personne sans aucune marque dans son habillement qui dénotât qu’il fut militaire, séchait ses hardes auprès d’un grand poêle en fonte, dans lequel brûlait de gros quartiers d’érable. St. Luc, en l’apercevant, reconnut le lieutenant Weir, qu’il avait rencontré à Montréal au bal de Madame de M… et auquel il avait été présenté. Il alla droit à lui et, lui tendant la main :

— Comment vous portez-vous, lieutenant ? lui dit-il.

— Chut ! ne m’appelez pas lieutenant ; je ne voudrais pas être connu ici. Voyez toutes ces tuques bleues.

— Vous êtes déjà connu. L’on vient de me prévenir qu’un officier, chargé de dépêches, veut prendre mon cheval. Je suppose que c’est vous qui cherchez un cheval ?

— Oui, c’est moi. J’arrive de Montréal par terre, mon cheval est sur les dents, et il faut de toute nécessité que je voye le colonel au plus têt. Le colonel Gore est parti avec les troupes, il y a près de deux heures ; je n’ai pas de temps à perdre.

— Je vous prêterais volontiers mon cheval, mais il faut aussi que je parte à l’instant même.

— Où allez vous donc ? si ce n’est point une indiscrétion de vous le demander.

— Pas du tout ; je vais à St. Denis.

— Je vais dans la même direction, nous ferons route ensemble, jusqu’à ce que j’aie rejoint les trou-