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UNE DE PERDUE

partirait durant la nuit. S’il n’eût consulté que ses aises, il eût attendu le jour ; mais il craignait qu’une fois les troupes à St. Denis, il ne lui fut pas possible d’entrer dans le village, où il y aurait certainement un combat dans lequel DesRivières et Meunier pourraient bien se faire tuer ; et il voulait absolument les voir.

Son sommeil fut agité, plusieurs fois il fut réveillé en sursaut par le bruit que faisaient des personnes qui, dans l’étage inférieur, parlaient haut, ouvraient et fermaient les portes avec violence. Une fois il crut entendre la voix de Trim dans la cour, sur laquelle donnait sa chambre où il était couché. Il écouta ; c’était bien Trim. Il se leva, regarda par la fenêtre, à travers les vitres ; mais il ne put rien distinguer, si ce n’est la lumière d’un fanal. En même temps, il entendit le bruit de plusieurs voix menaçantes. Il ouvrit la fenêtre, appela Trim qui, armé d’une fourche, défendait l’entrée de l’écurie contre trois à quatre hommes qui semblaient vouloir y pénétrer de force.

— Qu’y a-t-il, Trim ?

— Voulé prendre cheval à li.

St. Luc descendit promptement. Au bas de l’escalier il rencontra le père Toin, que l’on venait de réveiller, et qui montait avec une chandelle.

— Mossieu, dit-il, en voyant St. Luc, on veut presser votre jval.

— Comment, presser ?

— Oui, Mossieu, c’est l’colonel qui a donné l’ordre de prendre l’meilleur jval, qu’on pourrait trouver, pour un officier, qu’y a une dépêche ; y arrive d’la ville, et le s’ien est morfondu. J’allais vous avertir.