Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
187
DEUX DE TROUVÉES.

— Mais sur quel air ? demanda Asile en s’adressant à M. de St. Luc et baissant la vue, après avoir lu les vers.

— Essayez sur l’air de « Mon âme à Dieu, mon cœur à toi. »

Asile fit signe à sa sœur de s’approcher d’elle et de jouer l’accompagnement ; et elle chanta d’une voix émue :


Mon âme inquiète est troublée,
Craint et désire, tour à tour,
Que l’ardeur, dont elle est comblée,
Soit l’amitié plus que l’amour.
Je m’interroge en vain, j’ignore
Si mon cœur t’aime ou s’il t’adore.

Dis-moi, Asile, oh ! par pitié !

Est-ce l’amour, (bis) ou l’amitié ?

bis.


Quand tu chantes, ta voix si tendre
Agite mes sens tout émus ;
En t’écoutant, je crois entendre
L’écho des concerts des élus.
Cesses-tu, mon âme ravie
Nage encore dans l’harmonie !

Dis-moi, Asile, oh ! par pitié !

Est-ce l’amour, (bis) ou l’amitié ?

bis.


— Encore, encore, crièrent plusieurs jeunes filles.

Asile, dont la voix tremblait en commençant, s’était rassurée peu à peu ; elle se remit gracieusement au piano et recommença le premier couplet. Sa voix admirable, d’un timbre ravissant, d’une flexibilité et d’une justesse parfaites, donnait aux paroles du couplet une si profonde expression d’anxiété que Clarisse fut obligée de passer dans la chambre voisine pour ne pas laisser voir des pleurs qui lui perlaient aux paupières, et l’émotion qui la dominait.

Personne n’avait fait attention à ce petit incident, et quelques minutes après, Clarisse revenait, sou-