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UNE DE PERDUE

On plaça les gages dans un sac, Hermine, mettant la main au fond, dit d’un grand sérieux « gage touché, gage tiré, celui à qui appartiendra le gage fera ce que Mademoiselle Gosford ordonnera, » et elle tira un canif.

— J’ordonne que celui à qui appartiendra le gage écrive un couplet dans l’album de Mademoiselle Asile, continua Miss Clarisse.

— C’est à M. de St. Luc.

— Deux couplets ; il y a deux gages, crièrent plusieurs personnes.

— Eh bien ! deux couplets pour les deux gages, reprit Clarisse.

— À une condition, dit St. Luc.

— Laquelle ? laquelle ?

— C’est que Mademoiselle Asile les chantera.

— Oui, oui, répéta-t-on de tous côtés.

St. Luc prit une plume, se recueillit quelques instants, pendant que, pour ne pas le distraire, toutes les jeunes filles suivirent Madame de St. Diiier dans les appartements voisins, où l’on avait servi le café avec des gâteaux.

Quelques minutes après, St. Luc avait terminé tant bien que mal ses deux couplets et rentra dans la chambre à dîner où on lui servit une tasse de café.

— J’en avais besoin, dit-il, après qu’il l’eut bu, il y a longtemps que je n’ai accompli une aussi rude tâche ; vous ne me prendrez pas de sitôt à jouer au vendeur de plomb, Mademoiselle Hermine.

— Voyons les couplets, dit Clarisse.

— Il faut qu’Asile les chante. Oui, oui ! il faut qu’Asile les chante, répétèrent les jeunes filles.