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DEUX DE TROUVÉES.

fille ce matin ; vous lui avez fait les gros yeux, et s’apercevant qu’elle avait fait une bêtise, elle a voulu la réparer par une plus grosse encore. Et cette jeune fille a aussi laissé l’empreinte de son soulier auprès de l’embarcation ; celle-là aussi, vous eussiez bien voulu l’effacer, mais vous n’en avez pas eu le temps. Tenez, père, soyez franc, dites-nous les choses telles qu’elles sont, si vous ne voulez pas vous faire une vilaine affaire.

— Comment ! une vilaine affaire !

— Oui, une vilaine affaire ! Ecoutez : ces deux hommes qui sont venus ce matin sont deux criminels, et la jeune fille est la victime de leur plus criminel enlèvement ! Comprenez-vous maintenant ? Savez-vous que si vous persistez à cacher leur fuite, nous croirons que vous êtes leur complice ; tandis qu’au contraire si vous nous dites la vérité, nous croirons tout naturellement que vous avez été payé pour ne rien dire et que vous l’avez promis, sans savoir qui ils étaient. Entendez-vous ?

Le vieux Laté se sentit dans une mauvaise passe, et il crut qu’il valait mieux pour lui d’avouer, croyant Cabrera hors de danger, que de nier et de passer pour complice.

— Eh ! bien, dit-il, avec une répugnance marquée, c’est vrai : il est venu ce matin deux messieurs et une jeune femme, qui se sont écartés cette nuit dans le bois. Ils ont acheté une de mes embarcations et m’ont fait promettre de ne pas dire qu’ils étaient venus. Mais je vous assure que je ne savais pas qui ils étaient ; je ne le leur ai pas demandé, car ce n’était pas de mes affaires.

— Comment était habillée la jeune fille ?