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DEUX DE TROUVÉES.

triangle rectangle dont les deux routes formaient les côtés latéraux.

— Voilà nos enfants, dit Sir Arthur en montrant de la main le lieu où elles étaient.

— Mais voyez donc ce petit malheureux que le bœuf poursuit, remarqua Madame de St. Dizier.

En effet le taureau, devenu furieux, s’était élancé sur le petit garçon, qui s’était mis à courir dans la direction de l’arbre auprès duquel étaient les Demoiselles de St. Dizier. Les jeunes filles effrayées se sauvèrent à leur tour du côté de la clôture ; l’écharpe rouge sembla augmenter la fureur du taureau qui se dirigea aussitôt vers la jeune fille ; celle-ci effrayée, perdit la présence d’esprit et se mit à courir dans un sens opposé.

— Asile ! s’écria Madame de St. Dizier, en tombant évanouie.

St. Luc avait tout vu ; et d’un coup d’œil il comprit le danger de Mademoiselle Asile ; un fossé large et une clôture haute, en perches, séparaient la route de la prairie ; il tourna droit son cheval pour les franchir, l’animal refusa, se cabra et fit un saut de côté. St. Luc, de sa cravache, lui sangla le col, puis le ramenant à la clôture lui plongea les éperons dans les flancs ; le cheval, d’un bond, franchit la clôture et le fossé et s’élança à travers la prairie. Déjà le taureau n’est plus qu’à quelques perches de la jeune fille ; son œil est injecté de sang, sa corne menaçante, tout fait croire à une épouvantable scène. Hermine et Clarisse, ayant réussi à passer la clôture, regardent épouvantées ; le cocher semble pétrifié sur son siège ; Sir Arthur fouette son cheval, pour apporter plus tôt Madame de St. Dizier auprès de ses enfants.