Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
DEUX DE TROUVÉES.

mour chez aucune de ses enfants ; c’était plutôt une douce et confiante amitié de part et d’autre. Elle avait même cru s’apercevoir que s’il y avait de l’amour quelque part c’était plutôt entre Miss Gosford et M. de St. Luc.

Un jour que Miss Clarisse avait passé l’après-midi chez Madame de St. Dizier, on proposa pour le lendemain une promenade à la Nouvelle-Lorette.

— Oh ! oui, dit Miss Clarisse ; quelle fête d’aller à la campagne. Et puis M. de St. Luc m’a dit souvent qu’il aimerait à voir les sauvages.

— Mais nous ne l’emmènerons pas, dit Hermine en jetant un coup d’œil espiègle à Miss Clarisse ; croyez-vous vraiment, ma chère, qu’il nous remercierait si nous le demandions ? il serait trop poli pour nous refuser, mais je suis bien certaine que, dans le fond du cœur, il nous en voudrait. Qu’en pensez-vous ?

Miss Clarisse rougit un peu et répondit en riant : — Cela dépend de celle qui le demanderait ; si c’était vous ou Asile, je crois qu’il accepterait avec plaisir.

— Le mieux, dit Asile, c’est de ne pas le demander ; mais comme je pense qu’il viendra ce soir, nous pourrons lui dire que nous allons demain à Lorette ; s’il est galant, il s’offrira de nous accompagner.

Le soir vint, mais M. de St. Luc ne parut point, il fut néanmoins convenu qu’elles iraient seules à la campagne.

— Je n’en suis que plus contente, dit Asile, un peu piquée d’avoir attendu en vain toute la soirée.

— Nous serons moins gênées, nous courrons les champs cueillant des fleurs ; j’aime tant les fleurs.

— Mais il n’y a pas de fleurs dans les champs à cette saison, dit Hermine.