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UNE DE PERDUE

et du chant. St. Luc admira le chant de Mademoiselle Asile, dont la voix si douce, si pleine de suave harmonie dans les cantilènes, qu’elle chantait de préférence, lui causait de délicieuses émotions.

Le lendemain et les jours suivants, St. Luc, qui en avait obtenu la permission, passa les soirées chez Madame de St. Dizier. Peu à peu son intimité devint plus grande dans la famille. Madame de St. Dizier remarqua que l’âme sensible d’Asile s’ouvrait à des sentiments nouveaux, tandis qu’Hermine, tout en paraissant se plaire autant et peut-être même plus que sa sœur dans la compagnie de St. Luc, conservait son humeur gaie et folâtre. Madame de St. Dizier s’aperçut aussi que M. de St. Luc semblait montrer une certaine préférence pour Asile. Il lui demandait plus souvent de chanter, il était plus sérieux en conversant avec elle, tandis qu’il riait et badinait avec Hermine. La bonne mère, quoique nullement inquiète, suivait avec intérêt le développement de ces sentiments. Asile lui confiait ses impressions, avec une candeur et une naïveté qui la rassuraient. Jusqu’ici Madame de St. Dizier n’avait qu’à se louer de la conduite de M. de St. Luc, qui venait presque tous les soirs. Miss Clarisse Gosford était aussi devenue très-intime dans la famille, venant souvent prendre le thé sans cérémonie, et s’en retournant avec M. de St. Luc dans la voiture du Gouverneur.

Quand M. de St. Luc ne venait pas, Madame de St. Dizier et ses filles ressentaient comme un vide, comme si quelque chose manquait à leur intimité de famille. Madame de St. Dizier ne s’était pas trompé à l’attachement qui se formait entre lui et ses filles ; mais il n’y avait rien qui fit pressentir de l’a-