Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172
UNE DE PERDUE

profond que la simple amitié entre Miss Gosford et lui, que je lui ai dit qu’il verrait celle qu’il cherchait.

— Tu as eu tort tout de même, ma sœur.

— J’en conviens ; et je t’assure que ce que je venais de dire, ainsi que l’expression de sa voix quand il dit « peut-être, » me mirent dans un bien grand trouble, surtout quand il ajouta : « Savez-vous, Mademoiselle, que la première fois que je vous ai vues, vous et votre sœur, à bord du bâteau, en descendant de Montréal, j’ai éprouvé un indicible bonheur en contemplant votre figure, qui… » Je n’ai pu entendre ce qu’il a ajouté, tant j’étais troublée. Il est bien heureux que tu sois arrivée à cet instant pour me chercher ; car tu m’as tirée d’un grand embarras.

Madame de St. Dizier sourit de tout ce caquetage, et après quelques observations affectueuses, elle les congédia doucement.

Le lendemain, Asile et Hermine firent visite à Miss Clarisse Gosford, qui se préparait à sortir en voiture quand ils arrivèrent. Comme elles étaient allées à pied, Miss Gosford insista pour qu’elles acceptassent la voiture pour s’en retourner.

Pendant leur absence, St. Luc était allé de son côté, présenter ses respects à Madame de St. Dizier. Celle-ci, pressentant sans doute, avec un instinct de mère, que ce jeune homme aurait une grande influence sur le bonheur ou le malheur de ses enfants, soit qu’elle eut découvert en elles un amour naissant et encore ignoré, ou soit tout autre sentiment, se promit bien de profiter de la circonstance pour l’étudier. Il fit une longue visite, parla du