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DEUX DE TROUVÉES.

— C’était pour voir ce qu’il dirait, et connaître son goût il m’a regardé en souriant, j’ai cru qu’il allait me dire une flatterie, mais non.

— Que t’a-t-il dit ?

— Il m’a dit, reprit Hermine, qu’il ne m’avait pas encore vue danser. Mais des danseuses, lui dis-je ? il leva lentement les yeux sur les miens et me répondît : je ne veux pas vous le dire ce soir. Il me conduisit ensuite prendre des rafraîchissements, et nous causâmes longtemps de choses indifférentes. Il me parla de ses voyages, de l’objet qu’il l’amenait au Canada.

— Il t’a dit quel était l’objet de sa visite au Canada ? demanda Asile.

— Pas tont-à-fait, mais à peu près. C’est bien ce que nous écrit Elmire L…, il m’a dit qu’il cherchait quelqu’un. Quelqu’une, lui ai-je dit sans réflexion : il m’a encore regardée avec attention, je me sentais gênée ; puis il a répondu d’une voix qui m’a paru un peu tremblante : « Peut-être. »

— Tu n’aurais pas dû lui dire cela, Hermine.

— Je le sais, maman, et je me le suis reproché tout de suite ; mais malgré cela je ne sais ce qui m’a poussé à lui dire : « Si vous venez passer la veillée chez nous demain soir, vous verrez celle que vous cherchez. »

— Mais, ma pauvre Hermine, où avais-tu la tête ? Comment ! tu as osé faire une telle démarche sans en parler à maman ?

— Maman l’avait invité, elle-même, à venir, ainsi que Miss Gosford faire de la musique sans cérémonie demain soir, ou plutôt ce soir ; et c’est pareeque j’ai cru m’apercevoir qu’il y avait un sentiment plus