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DEUX DE TROUVÉES.

— J’ai lu cette adresse, Milord ; j’en ai parlé à quelques-uns des signataires que je connais. Ce sont tous des gens de cœur et de courage, qui ne peuvent avoir eu la moindre pensée révolutionnaire en la signant. Cette adresse, écrite par une personne étrangère au pays et dont le nom ne figure pas au nombre des signatures, leur a été présentée dans une réunion et lue à la hâte. Tous ceux qui étaient présents la signèrent parce qu’ils n’y voyaient qu’un appel au peuple pour demander le redressement des griefs qui y sont énumérés ; et surtout une invitation aux jeunes Canadiens de Montréal de s’organiser pour résister au Doric Club. Vous ne voyez en effet, que des noms de jeunes gens de 18 à 20 ans sur cette adresse.

— Mais pensez-vous que M. André Ouimet, président de cette société, M. George de Boucherville, secrétaire-correspondant, M. J. L. Beaudry, et les autres principaux, n’ont pas mis la main à la rédaction de ce manifeste ?

— Je suis à peu près sûr que non ; je le leur ai entendu dire à eux-mêmes, et je les crois. L’adresse leur fut lue en anglais et ils la signèrent de confiance, sans avoir trop fait attention à ce qu’elle pouvait comporter d’illégal et de compromettant ; comme leur principal but est de s’organiser contre le Doric Club, leur plus grand désir est de le rencontrer, et d’en venir aux mains avec les membres de ce club, qui les menacent par des affiches anonymes. Ils n’attaqueront pas le Doric Club, car ils désirent se tenir dans les bornes de la légalité ; mais ils les recevront rudement si ces derniers les attaquent, comme ils se vantent qu’ils le feront.