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DEUX DE TROUVÉES.

que sa mère se sentait indisposée et désirait s’en aller. St. Luc offrit le bras aux deux sœurs et les conduisit auprès de leur mère, qui bientôt après partit avec ses deux enfants.

St. Luc chercha alors Sir Arthur, qu’il trouva avec Lord Gosford. Le Gouverneur tenait à la main une lettre qui venait de lui être remise et parlait avec animation. L’endroit où ils étaient formait une espèce de petit cabinet de travail ; une table, trois à quatre fauteuils à fonds de jonc, quelques livres sur des rayons et une carte du Canada, appendue à l’un des côtés de l’appartement, en composaient tout l’ameublement.

St. Luc crut devoir se retirer pour ne pas troubler leur entretien ; mais le Gouverneur l’ayant aperçu le rappela en lui disant :

— Venez, M. de St. Luc, vous n’êtes pas de trop ; mon cousin désire vous voir ; et j’aimerais à avoir votre opinion sur des nouvelles sérieuses, qui me parviennent à l’instant de Montréal.

Sir Arthur aimait véritablement M. de St. Luc, et avait fait à Lord Gosford les plus grands compliments de sa bravoure, sa prudence et sa discrétion.

Après quelques paroles d’amitié échangées entre Sir Arthur et M. de St. Luc, le Gouverneur reprit :

— Oui, M. de St. Luc, vous n’êtes pas de trop pour connaître les graves nouvelles que je viens de recevoir dans une dépêche que le commandant des forces à Montréal m’a envoyée. Il paraît qu’il y a eu avant hier, le 23, une assemblée de cinq comtés, où les résolutions les plus révolutionnaires ont été proposées et adoptées. Toute la population de la rivière Chambly est en armes. Des sociétés secrètes se forment,