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UNE DE PERDUE

En ce moment, la marée, qui se faisait sentir jusque là, baissait depuis quelque temps, faisant un courant assez sensible dans le bayou. Tom n’eut pas plutôt tourné le dos pour regagner la cabane, que le vieux Laté poussa à la hâte chacune des embarcations dans le courant, et ne tarda pas à retourner à sa cabane, où il arriva avant que Tom se fut assis auprès d’un bon feu, qui pétillait dans la cheminée.

Quand le vieux Laté entra, sa physionomie dénotait la satisfaction qu’il éprouvait à la réussite de son stratagème.

— Tiens, ma femme, dit-il, voilà le poisson ; que dis-tu si tu nous en faisait cuire quelques-uns, je me sens de l’appétit ; peut-être aussi que monsieur en mangerait ?

— Pas d’objection, répondit Tom.

— À propos, mais où est allé Trim ?

— Oh ! pas loin, au bayou Goglu. Y a-t-il loin d’ici au bayou Goglu ?

— Pas absolument ; à peu près une demie-lieue, pour celui qui connait le raccourci. Mais qu’est-il allé faire au bayou Goglu ?

— Chercher mes compagnons ; et si vous n’avez pas d’objection à préparer à souper pour douze personnes, nous serons fort aise de profiler de votre hospitalité.

— Douze ! Mais vous n’allez pas à la chasse, sûrement ?

— Oui, à la chasse ; et à la chasse d’un fameux canard encore !

Le vieux Laté et la vieille échangèrent un regard rapide.