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DEUX DE TROUVÉES.

lettre qu’elle tenait élevée au-dessus de sa tête. « Il va y aller, il y ira, il est venu pour cela. »

— Mais, que dis-tu donc, Hermine ? — Oui, oui, il y sera ; je te conseille d’aller chez la modiste, et de lui dire de finir ta robe pour demain, dût-elle travailler toute la nuit.

— Mais qui ? mais qui ?

— Mais lui ; le milord ! le héros des mille et un contes ! Tiens, lis ce que m’écrit Elmire.

« Montréal, 23 octobre 1837.

« Ma chère Hermine,

« D’abord, je t’embrasse sur les deux joues et Asile aussi ; ensuite je te recommande, c’est peut-être inutile, d’être bien discrète sur ce que je vais te confier, et de n’en parler à personne. Tu sauras que nous avons ici, depuis quatre à cinq semaines, un étranger de la Nouvelle-Orléans, qui passe pour fabuleusement riche, et dont tout le monde parle en ville. Il s’appelle M. de St. Luc ; il est venu avec plusieurs lettres d’introduction, et a été invité dans les meilleures familles. J’étais curieuse, comme tu le penses bien, de voir le lion du jour ; j’en avais entendu dire, par mon frère Auguste, des choses si surprenantes. Il parait qu’il a été une espèce de corsaire par plaisir ; qu’il s’est battu avec des pirates ; et mille autres histoires tout aussi affreuses que l’on débitait sur son compte.

“ Jeudi dernier, nous avons eu un grand bal chez madame de Mont…, qui donne toujours, comme tu sais, les plus brillantes soirées à Montréal. Toute l’élite de la société y était ; les habits rouges, comme