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UNE DE PERDUE

jour. J’étais à chanter au piano, quand j’entendis le galop d’un cheval ; je crus que c’était un officier ; je ne fis pas attention et continuai à chanter. Mais le cheval s’arrêta au pas, je chantais toujours pour finir mon couplet ; lorsqu’il fut terminé, j’eus la curiosité de voir quel était ce cheval, qui s’arrêtait ainsi sous l’influence de ma musique ; car, en effet, on dit que les animaux aiment les divins accords, hem ! hem ! Mais qu’apercois-je ? Tout en ne regardant que le cheval, vrai, je reconnus notre bel étranger. Car c’est un étranger, j’en suis sûr.

— Lequel ? dit distraitement Asile, sans relever la tête.

— Le cavalier, comme de raison, et non le cheval.

— Quel cavalier ?

— Mais celui qui m’écoutait chanter. Le même dont tu me parlais tout à l’heure.

— Était-il seul ? demanda Asile, en hésitant, et suivant sa sœur qui l’entraînait par la main.

— Seul ; pourquoi cette question, petite sœur, dit l’autre malicieusement ?

— Il eut pu être accompagné de quelqu’une de nos connaissances.

— Oh ! pour ça, ne sois pas inquiète ; s’il veut se faire présenter quelque part, il en trouvera le moyen. Ces hommes sont-ils jamais en peine ? Chantons toutes les deux ; s’il aime la musique il saura bien trouver les chanteuses.

— Bien ; mets-toi au piano, continua Hermine, quand elles furent dans le salon, je vais voir s’il revient.

— Mille excuses, ma chère ; mais c’est ta place, dit Asile en riant : je regarderai, moi, en baissant les