Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145
DEUX DE TROUVÉES.

pieds des Laurentides, se divise en une multitude de fermes en parallélogrammes, dont les différentes récoltes, parvenues à des degrés divers de maturité, présentaient comme des carreaux d’un immense damier. De délicieux paysages ; de riants villages, avec leurs jolies églises, dont les clochers de ferblanc reflétaient les feux du soleil couchant, quand quelques-uns de ses rayons perçaient le nuage, marquaient de distance en distance les limites des paroisses dont ils étaient le centre. À la gauche, l’ancienne et la nouvelle Lorette, Charlesbourg, Beauport ; plus au loin Montmorency, avec sa chute ; plus loin encore les Caps qui s’avancent le front menaçant vers le St. Laurent.

On était alors, au temps des labours, temps de travail et de plaisir dans les campagnes ; des troupeaux de vaches laitières, errant durant le jour, dans les champs nouvellement fauchés, revenaient en mugissant des pâturages, ramenés à la maison dont les cheminées laissaient échapper une blanche fumée, qui annonçait que le souper des laboureurs se préparait, pour leur faire oublier les fatigues de la journée. Une légère brise de l’ouest s’était élevée et apportait le parfum des prairies à notre jeune héroïne, absorbée dans une délicieuse contemplation. Tout-à-coup elle se leva : « Il pourrait bien se faire en effet, murmura-t-elle, que ce ne fût pas par effronterie qu’il me regardait avec tant d’attention ! » Et les bras pendants, la tête pensive, elle regagna, à pas lents, la maison.

— Viens donc, viens donc vite ; s’écria Hermine en accourant au-devant de sa sœur. Tu ne sais pas qui vient de passer à cheval ? Le Monsieur de l’autre