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DEUX DE TROUVÉES.

la taquiner, et c’est alors que son esprit jaillissait avec ses paroles comme une cascade éblouissante. Elle était toute gracieuse, toute gentille comme sa sœur. Avec elle il n’y avait pas moyen d’être triste ou sérieux ; il fallait rire. Elle était un peu moins grande qu’Asile. Ses mains étaient petites, blanches, délicates comme celles d’un enfant ; il en était de même de ses pieds, petits comme ceux d’une duchesse. Elles étaient là toutes deux silencieuses depuis quelques instants, lorsqu’un léger bruit les avertit de la présence de leur mère, qui contemplait ses deux enfants avec une douce satisfaction maternelle.

— Dites donc, maman, dit la plus jeune en se levant et en jetant son bras autour du cou de sa mère, pourquoi faut-il broder toutes ces lettres sur mon mouchoir « H. M. R. de St. Dizier ? » — C’est presque l’alphabet à broder ! J’ai bien envie de ne plus mettre “ M.” vous ne le mettez jamais sur les vôtres.

— Fais toujours, mon enfant ; c’est l’initiale du nom de ton père, qui prie pour vous au ciel !

— Pourquoi alors cette lettre ne se trouve-t-elle pas sur vos mouchoirs, bonne maman ?

— Moi, c’est différent, mon enfant.

— Comment cela ? Je ne vous comprends pas.

— Quoiqu’il en soit, brode cette lettre ; ne serait-ce qu’à titre de souvenir, dit Madame de St. Dizier avec un soupir, mettant ainsi fin à la conversation pour rentrer dans le berceau qu’elle traversa lentement et la tête basse.

— Hermine, lui dit sa sœur, après que sa mère eut disparue au détour d’une allée, tu as fait de la peine à maman ; je t’avais déjà dit de ne plus lui parler de cela, car on l’attriste toujours. Depuis que notre bon