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UNE DE PERDUE

Tom, en prononçant ces dernières paroles d’un ton indifférent, n’en avait pas moins suivi attentivement sur la physionomie du vieux Laté, dont la figure était éclairée par le tison allumé que Trim tenait élevé, l’impression de surprise et d’anxiété qu’elles y causèrent.

— Ma foi, je ne sais ce que vous voulez dire ; croyez-moi si vous voulez, mais je vous jure que je n’ai vu aucun étranger depuis plus d’une semaine ; répondit le vieux Laté avec assez d’aplomb.

— Ne jurez pas, M. Laté, ne jurez pas… Sont-ce là toutes vos embarcations ? je n’en vois que trois, je croyais que vous en aviez quatre ou cinq.

— Qui vous a dit cela ?

— C’est Trim.

— Oui ! j’en avais quatre cette automne, mais j’en ai détruit une qui était trop vieille ; vous en voyez encore les restes là, sur la côte.

Trim s’approcha et dit quelques mots à l’oreille de Tom, et partit en courant, dans la direction du bois, par où ils étaient venus.

Le vieux Laté suivit quelque temps Trim des yeux, mais ne fit aucune question.

— Vous nous prêterez bien vos embarcations, M. Laté, continua Tom.

— Impossible !

— Comment, impossible ?

— Elles sont toutes engagées. Elles sont louées à des messieurs que j’attends demain.

— Mais nous reviendrons demain.

— Impossible, je vous assure. J’en suis vraiment fâché. Si vous voulez attendre jusqu’après demain matin, vous pourrez en avoir une.