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UNE DE PERDUE

plonger dans une demie obscurité trois personnes qui l’occupaient, et qui cessèrent de parler à l’entrée des deux nouveaux venus.

Le propriétaire, qui dormait derrière le comptoir, sur une vieille chaise empaillée, ouvrit machinalement les yeux sans se déranger ; mais quand il vit que ceux qui s’avancaient vers lui, n’étaient point de la classe de ceux qui fréquentaient sa taverne, il se leva et moucha, avec ses doigts, la chandelle, dont le long lumignon attestait que cet homme dormait depuis assez longtemps.

— Bonsoir, messieurs, que puis-je faire pour votre service ? leur dit-il en les regardant avec défiance.

— Nous cherchons un nommé Meunier, homme de cage ; on nous a dit que nous le trouverions ici.

— C’est ici qu’il vient généralement tous les samedis ; mais il n’est pas encore venu cette semaine.

— Pensez-vous qu’il viendra ce soir ? nous avons besoin de le voir pour des choses importantes.

— Je crois qu’il viendra, s’il est en ville. Mais il ne sera pas ici avant dix ou onze heures. Si vous désirez l’attendre, asseyez-vous ; ou plutôt, si vous aimez mieux repasser, je lui dirai de vous attendre, s’il vient.

— Merci, nous reviendrons plutôt.

— Peut-être le trouveriez-vous à l’hôtel St. Laurent il y va quelquefois ; mais rarement, parce qu’il n’y a que les richards qui vont là.

À peine furent-ils sortis, qu’une des trois personnes qui étaient assises près de la table se leva et dit tout bas : « Restez ici, je vais les suivre. »

— Tu perds ton temps, P’tit loup ; je connais le