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DEUX DE TROUVÉES.

À mesure qu’ils avançaient, les fanaux devenaient de plus en plus rares, et bientôt ils furent dans une obscurité complète. La nuit était noire et chaude, l’atmosphère lourd.

Quand ils furent arrivés à la taverne qu’ils cherchaient, ils s’arrêtèrent un instant et écoutèrent. N’entendant rien, l’un d’eux frappa un coup, avec sa canne, sur le pavé ; deux coups secs, partis des environs du Coin Flambant, répondirent au signal.

— Entrons maintenant, dirent-ils en montant avec précaution le perron qui menaçait de s’effronder sous leurs pieds.

C’était une salle assez grande ; elle occupait tout le premier étage (rez-de-chaussée) ; elle était basse ; le plafond noir de fumée, n’était pas à plus de sept pieds de hauteur. Dans le fond, en face de la porte, il y avait un comptoir. Quelques barils peinturés en jaune annonçaient, en lettres rouges, qu’ils devaient contenir du rum, du whisky, du gin, de la bière et du cidre. Sur une tablette, au-dessus de la rangée de barils, on voyait plusieurs bouteilles recouvertes d’inscriptions prétentieuses de liqueurs dont elles étaient veuves depuis longtemps.

Dans un des coins de la salle une table longue en planches de pin, entourée de bancs, servait à ceux qui voulaient manger ou boire en conversant. Il n’y avait pas de chaises ; les bancs servaient en même temps de sièges et de lits à ceux qui en avaient besoin.

Une seule chandelle de suif sur le comptoir éclairait l’appartement. Malgré la chaleur, les châssis et contrevents étaient fermés. Une épaisse atmosphère de fumée enveloppait la table de manière à