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UNE DE PERDUE

— Oui, m’sicux ; c’est-à-dire non, arrêtez un peu… ah ! y m’a dit que l’petit Pierriche à Mame Riva… attendez, j’ai pas trop ben compris… oui, j’crois qu’c’est ça, l’p’tit Pierriche à Mame Rivan, qu’elle avait mis chez son père, avait été enlevé, tout p’tit.

— Chez qui avait-il été mis ?

— Chez Pierriche Munier, l’père à celui qu’était ici à matin.

— Est-ce tout ce que vous avez appris ?

— Oui, m’sieu, c’est tout.


CHAPITRE XXXV.

une nuit orageuse.


L’excitation des esprits à Montréal était devenue telle qu’il était dangereux de sortir le soir, surtout dans les faubourgs. La police était tout à fait insuffisante pour réprimer les désordres. Les hommes du guet faisaient acte d’apparition par intervalles, plutôt par forme que pour faire acte d’autorité. Heureusement qu’il était rare que l’on fit usage d’armes meurtrières ; on se servait de bâtons, quelquefois de garcettes, mais presque jamais de pistolets ou de poignards. — Mais si d’un côté il n’y eut point d’assassinats, il y avait presque tous les soirs de nombreuses contusions d’infligées, souvent à des personnes fort inoffensives. Une haine de race s’était insensiblement accrue entre une partie de la population anglaise et canadienne. La jeunesse des deux nationalités, surtout, était fort exaltée. Leur antipa-