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UNE DE PERDUE

mauvais goût. Ce sont les belles de Québec ; on* appelle la plus grande, l’Étoile du Nord.

— St. Dizier, répéta St. Luc, en se rejetant, en arrière dans le fond de la voiture, je ne connais pas ce nom-là ; et il tomba dans une rêverie dont il ne sortit qu’en arrivant à Sorel.

Le père Toin fumait sa pipe sur la galerie, au devant de sa maison, quand ils arrivèrent.

— Eh bien ! le voyage ? dit le père Toin, en secouant les cendres de sa pipe et venant au-devant d’eux.

— Pas trop bon, dit DesRivières : et de votre côté ?

— Moué, j’en ai ; pas su M. Rivan, personne ne sait ce qu’il est devenu ; mais su Munier j’en ai.

— Qu’avez-vous appris ? dit St. Luc, en avançant, vivement.

— Ah ! dame ! C’est par une pure chance du bon Dieu que j’ai appris ça. Figurez-vous que depuis que je vous ai vu, j’ai fait l’tour du village, je n’sais comben de fois, pour voir tous les vieux. Pas un ne se rappelait M. Rivan ni Munier. Je désespérais de rien trouver, quand, par hasard, c’matin, j’vais à la grève, pour voir s’il y avait du poisson à vendre ; et qu’est-ce que j’vois au quai ? Un tas de faignants qui regardaient deux hommes de cage qui s’battaient. Mais qu’est qu’c’est qu’ces deux polissons-là que je dis ? — Mais n’connais-tu pas Bill Collins qu’on m’répond. — Quoi, le métif ? — Oui, c’est lui-même. — Et l’autre ? que j’demande. — C’est Munier, le garçon à Pierriche, tu sais ; qu’é d’meuré à St. Ours. — Oh ! oh ! que je me dis, c’est mon homme ; et sans faire ni une, ni deux, j’crie. « Aidez moué, faut les séparer ! » et on les sépare. J’tenais Munier au collet.