Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
DEUX DE TROUVÉES.

— Tant mieux ; nous irons à Québec. Je voudrais aller à Québec pour une autre raison ; en descendant de Montréal, l’autre jour, j’ai remarqué deux jeunes demoiselles dont la physionomie m’intrigue. J’y ai déjà pensé plusieurs fois. Je dois les avoir vues quelque part ou quelqu’un qui leur ressemble beaucoup. D’ailleurs je désirerais remettre au gouverneur, Lord Gosford, une lettre que m’a donnée pour lui son cousin Sir Arthur Gosford ; j’aimerais à en avoir des nouvelles, il a du être venu ici l’hiver dernier.

— De quelles jeunes filles voulez-vous parler, dit DesRivières en riant, est-ce que l’une d’elles vous serait tombée dans l’œil ? Prenez garde M. de St. Luc, vous pourriez bien vous laisser prendre à l’hameçon ; les appâts sont attrayants en Canada.

— Ah ! mon cher ami, ce n’est pas un requin comme moi, un vrai loup de mer, qui se laisse prendre si facilement. Non, ce n’est pas cela ; j’ai ressenti une singulière impression en les voyant ; plus je les regardais, plus elles m’intéressaient, sans que je pusse deviner pourquoi ; mais bien sûr que ce n’était pas de l’amour.

— Étaient-ce ces deux demoiselles, en robes blanches, chapeaux de paille attachés sous le menton avec des rubans bleus.

— Précisément.

— Cheveux bruns, lissés en bandeaux sur le front ?

— Oui.

— Grands yeux, d’un bleu clair, fendus en amande.

— Ce sont elles ! les connaissez-vous ?

— Oui, ce sont les demoiselles St. Dizier qui descendaient avec leur mère. Diable ! vous n’avez pas