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DEUX DE TROUVÉES.

n’était pas tant par paresse que parcequ’ils savaient que les planteurs seraient forcés de leur donner un plus haut prix, et ils l’obtinrent. La seconde année, on adopta le système de faire travailler à l’entreprise et à la part, c’est-à-dire que l’on accordait au nègre une quantité de sucre proportionnelle à la quantité d’arpents de canne qu’il avait cultivés : et la récolte de l’année fut presque le double de ce qu’elle avait été la précédente année. On a attribué à la paresse et à l’indolence des nègres l’effroyable diminution de la récolte qui suivit les premiers essais de l’émancipation ; c’était une erreur, car les mêmes plantations qui furent travaillées avec un moindre nombre de nègres, produisirent de plus grandes récoltes qu’elles n’en avaient jamais produit avant. La diminution dans le total de la récolte doit être attribuée à l’état de désorganisation complète, et à l’abandon d’un grand nombre de plantations par leurs propriétaires.

On commence maintenant à s’apercevoir aux Antilles que le planteur peut exploiter une plantation, avec plus de profit pour lui et avec plus de satisfaction pour les noirs, en intéressant les travailleurs dans le produit de la récolte, que par le système de l’esclavage.

Les planteurs ne semblaient pas partager l’opinion de Sir Arthur.

Quand ils furent partis, Sir Arthur dit au capitaine :

— Courage, vous faites une belle et bonne action ; mais je crains bien que vous ne trouviez pas beaucoup d’imitateurs à la Louisiane. La facilité même de l’exécution de votre mode d’émancipation, sera,