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DEUX DE TROUVÉES.

— Voyez-vous ti c’te lumière à travers le bois ? c’est là été cabane du vieux Laté.

— Voici ce que nous allons faire, dit Tom à voix basse : Trim et moi nous irons droit à la cabane, dans laquelle nous entrerons ; vous autres, vous vous placerez de manière à ne laisser personne sortir de la cabane ou en approcher, sans que vous puissiez examiner leurs mouvements.

— C’est bon ça, continua Trim, surtout faut li veiller à tes pirogues, pou que personue emmené li. Les pirogues li l’été sur bord du bayou, à la porte de la cabane.

Tom et Trim prirent ensemble les devants, marchant avec précaution pour ne pas faire craquer les branches sous leurs pieds ; les quatre autres suivaient à une douzaine de pas par derrière. Quand ils débouchèrent du bois, la cabane n’était qu’à un demi-arpent, dans une espèce de défriché ; on pouvait la distinguer à la demi-clarté que répandaient les étoiles, qui brillaient sur un ciel pur et serein.

— Ah ! dit Tom, on peut voir ici au moins ; ce n’est pas comme dans ce maudit bois, où il fallait tâter son chemin pour ne pas se briser la tête sur les arbres.

— Chut ! pas parlé si fort ! il été bon nous voyé par la fenêtre si y avé beaucoup personne, dedans cabane.

Trim regarda quelques instants par la fenêtre, et après s’être assuré qu’il n’y avait que le vieux Laté et sa femme, tous deux assis auprès d’un bon feu de cheminée, il dit à Tom : « entrons. »

— Bonjour, M. Laté ; bonjour, madame.