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DEUX DE TROUVÉES

— Je n’entends rien, et je ne vois rien, si ce n’est de temps en temps l’eau qui étincelle, quand quelque poisson vient l’agiter.

— Oh non, n’est pas poisson qui agite l’eau, trop régulier pour ça ; moué voyé bien longue trace continuelle et de chaque côté itou des étincelles comme des rames qui plongent. Tiens, regarde, y a un, deux, trois, quatre embarcations. Moué sûr, moué descendi avertir officier de quart.

— Eh bien, va ; je vais veiller de mon côté.

Trim descendit et alla faire part à l’officier de quart de ses soupçons. L’officier de quart, après s’être satisfait par lui-même qu’en effet il y avait quelque chose qui remuait et faisait étinceler l’eau à une grande distance encore dans la direction de la corvette, descendit réveiller le capitaine.

— Capitaine, capitaine.

— Eh bien, qu’y a-t-il ?

— Je ne sais trop, on aperçoit au loin, à l’arrière du navire, la mer qui étincelle comme si elle était frappée par quelque chose comme le mouvement régulier de rames. Le docteur Trim m’assure qu’il entend le bruit de rames.

— Trim dit-il qu’il entend le bruit de rames ?

— Distinctement.

— C’est bien, retournez ; dans un instant je vous suis.

Le capitaine à la hâte s’habilla et monta sur le pont. Les divers groupes de matelots s’étaient levés et regardaient par dessus les bastingages. Trim était remonté à la hune d’artimon où le capitaine le suivit, tenant à la main sa longue-vue de nuit.

— Eh bien, Trim, que vois-tu ?