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DEUX DE TROUVÉES

— Pirate ? mais non ; ne voyez-vous pas le pavillon anglais qui flotte au haut de son mât ? C’est un vaisseau de guerre qui nous prend pour quelqu’ennemi portant de fausses couleurs.

— Oui, c’est vrai ; je vois bien le pavillon anglais. Ainsi vous croyez donc que ce ne sont pas des pirates, comme nous l’a dit le comte d’Alcantara ?

— Le comte ? Mais comment peut-il vous avoir dit une semblable folie ? À moins qu’il ne soit troublé, il aurait dû voir, comme vous et moi, que c’est un vaisseau de guerre anglais. Demandez à votre père, il vous dira comme moi.

— Holà, Sir Gosford, n’est-ce pas que ce vaisseau porte le pavillon…

— De la Grande Bretagne, répondit Sir Gosford qui venait d’entendre ce que le capitaine avait dit. En ce moment un éclair brilla à l’avant de la corvette, une légère fumée s’éleva à sa proue et une détonation se fit entendre.

— Un coup de canon ! dit Clarisse, en tressaillant malgré tous ses efforts pour rester calme.

— Oui, mademoiselle, répondit le capitaine. Le boulet est venu s’ensevelir dans une lame à deux ou trois encablures de nous ; vous feriez bien d’aller rejoindre votre amie, qui n’est pas aussi courageuse que vous. Aussi bien j’ai un mot à dire à votre père, qui ira bientôt vous retrouver.

— Sir Gosford, dit-il aussitôt que Clarisse fut partie, voici ce que j’avais à vous dire : mon parti est pris, je n’attendrai pas que les pirates viennent à l’abordage ; j’irai, moi, les trouver chez eux. Aussitôt que je verrai la corvette assez près, je virerai de bord sur elle, et ce sera sur le pont de la corvette que se déci-