sentit instinctivement qu’à ce moment tout le monde avait les yeux sur lui, et il fit violence à l’émotion qui commençait à le dominer.
— Faites venir ici le maître d’équipage ! cria-t-il.
En un instant le maître d’équipage fut auprès de lui.
— Débarrassez-moi le pont de tous ces bouts de cables, d’épaves, de voiles ; serrez-moi tout ça dans les soutes !
— Oui, oui, mon capitaine.
Et le capitaine, qui venait de donner cet ordre bien plus pour rendre à sa physionomie son expression de calme ordinaire, que pour l’urgence de la chose, se tourna vers Sir Gosford auquel il fit signe de s’approcher.
— Passons ensemble sur le gaillard d’avant, j’ai quelque chose à vous dire et je n’aimerais pas à être entendu de vos enfants, lui dit tout bas le capitaine.
Et ils passèrent tous les deux à l’avant du navire.
— Sir Gosford, lui dit le capitaine, je n’ai pas besoin de vous le cacher, vous le voyez aussi bien que moi, nous allons bientôt avoir un combat à mort avec cette corvette, qui nous poursuit avec acharnement. Dans deux heures elle nous aura rejoints. Dans deux heures nous serons peut-être forcés d’en venir à l’abordage.
— Et croyez-vous qu’il n’y a pas moyen de l’éviter ?
— Oh ! si mon Zéphyr avait toutes ses voiles, mais n’en parlons pas ; s’il les a perdues, c’est galamment au moins ! Non, Sir Gosford, je ne crois pas qu’on