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UNE DE PERDUE

lets vinrent mourir à une demi encâblure du Zéphyr. Au-dessus de la fumée on vit un pavillon noir, sur lequel se dessinait en blanc une tête de mort et au-dessous deux os en croix, monter le long de sa drisse et se fixer à la tête du grand mât.

— Oh ! oh ! murmura le capitaine Pierre, il parait qu’on ne fait plus de mystère maintenant ; ils ont eu tort de même de commencer le bal à cette distance, avec des caronades qui importent qu’à moitié chemin.

Puis se tournant vers son équipage :

— Allons, mes enfants, pointez dans la voilure !

— Oui, oui, capitaine.

— Attention ! feu !

Et les quatre canons de bâbord, qui éclatèrent en même temps, firent trembler le Zéphyr dans toute sa membrure. Le capitaine suivit de l’œil l’effet de sa bordée dans la voilure de la polacre.

— C’est bien, mes enfants, donnez-moi des dix-huit à cette distance : ça parle au moins.

— Holà en avant là, nettoyez le gaillard d’avant ! c’est au tour de Cicéron à parler maintenant, il aura peut-être quelque chose à dire !

En un instant tout fut prêt.

Le capitaine se rendit lui-même sur le gaillard d’avant, et là, de sa voix qui dominait le bruit du combat et les clameurs du pont, il fit entendre les ordres suivants, de l’exécution vive et prompte desquels dépendait peut-être le salut du Zéphyr.

— Pare à virer !

Tous ceux de l’équipage destinés à la manœuvre coururent se placer à leur poste, le timonier amena un peu pour faire poster les voiles.

— Adieu-va !