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UNE DE PERDUE

— Eh bien ! j’accepte le jugement pour le présent, reprit Mme Regnaud ; mais nous en parlerons plus tard, Pierre.

— Comme vous voudrez. En attendant, excusez-nous si nous ne vous reconduisons pas chez vous ; il faut que j’aille prendre mon logement chez moi. J’ai bien des choses à faire encore ce soir. Auriez-vous la bonté de m’envoyer mes effets par Toinon ?

— Oui, mon Pierre.

De la rue Bienville, le capitaine se rendit, avec messieurs Magne et Préau, à la demeure de feu M. Meunier où Pierre avait décidé de faire son séjour, pendant le temps qu’il serait à la Nouvelle-Orléans. Tous les esclaves de la maison, qui avaient appris que le capitaine n’était pas mort, accoururent au devant de lui aussitôt qu’il fut entré.

— Comment va ? comment va ? mon piti maître ? criaient-ils les larmes aux yeux, en lui embrassant les mains et ses vêtements.

— Très bien, très bien, mes enfants, leur répondait-il, en leur donnant à chacun une poignée de mains.

Le gardien vint remettre les clefs au capitaine ; après quoi, Pierre de St. Luc fit le tour des chambres, examina les scellés, visita les écuries, remises, voûtes, caves et les dépendances. Tout était en ordre. Il congédia le gardien en lui disant de faire son compte et de revenir le lundi suivant.

— Maintenant, mes enfants, dit le capitaine, quand il se fut assis devant une grande table, avec le notaire et M. Préau, j’ai un devoir à remplir envers plusieurs d’entre vous de la part de votre bon maître qui fut un père pour vous durant sa vie, et qui veut que vous soyez récompensés après sa mort. Avancez,