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DEUX DE TROUVÉES

qui se rompit l’épine dorsale en s’amusant à passer par le chas de l’aiguille ! Il savait de plus que M. Préau n’était pas riche, et d’ailleurs les avocats ne pèchent pas en général par un si grand désintéressement ; et il comprit fort bien que M. Préau préférait laisser la chose à sa générosité, pensant bien ne rien perdre pour attendre.

— M. Préau, vous avez bien travaillé pour moi, et vous méritez d’être payé ; je sais que les avocats ne travaillent pas sans cela. Peut-être préférez-vous avoir quelqu’autre ouvrage à faire pour moi, avant de me présenter votre mémoire ; c’est bien, j’y consens. Vous serez mon avocat ; et, pour retenue, permettez-moi de vous offrir ceci, lui dit-il en prenant dix des billets de banque ; ça ne vous empêchera pas de faire votre mémoire, que vous me présenterez tous les trois mois.

— Je vous remercie, M. de St. Luc, lui répondit M. Préau, en prenant les billets qu’il mit dans son portefeuille, pendant que le capitaine en faisait autant des autres.

Le capitaine et M. Préau s’assirent seuls à dîner ; car Mme. Regnaud et sa famille avaient, suivant leur habitude, pris leur repas à midi.

— Je vous ai prié, M. Préau, de venir dîner avec moi, lui dit le capitaine, aussitôt que la nappe eût été enlevée et le dessert servi, afin que vous m’aidiez à remplir, en ma qualité d’exécuteur testamentaire, les dernières volontés de mon bienfaiteur et père, M. Meunier. Je veux dès ce soir remettre à qui de droit les divers legs qu’il a faits et ordonnés dans son testament. Vous me donnerez votre avis et me guiderez dans l’exécution de mon devoir.