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UNE DE PERDUE

Le peu de temps que le capitaine dormit lui fit un grand bien. Il se baigna le visage dans de l’eau fraîche, et avait à peine réparé sa toilette, lorsqu’on vint lui annoncer que M. Préau était arrivé.

— Eh bien ! M. Préau, quelle nouvelle ? lui dit-il aussitôt qu’il l’eût rejoint au salon.

— Tout est bien. Le testament a été homologué sans la moindre difficulté. Le docteur Rivard a été transporté chez lui, sous la garde de maître Lauriot et d’un autre constable ; nous avons trouvé la petite boite de maroquin rouge que Lauriot doit vous apporter tout à l’heure. Voici les vingt mille dollars que j’ai eues de la banque des Améliorations en billets de cent piastres, comme vous le désiriez.

— La banque n’a pas fait d’objections ?

— Pas du tout. On savait déjà votre résurrection ; et d’ailleurs, j’avais avec moi l’ordre du juge, sous le seing et sceau de la Cour des Preuves, de vous mettre en pleine et entière possession de tous les biens meubles et immeubles, généralement quelconques, de la succession de monsieur Meunier. Voici l’ordre.

— Merci, M. Préau. Ayez maintenant la bonté de me dire combien je vous dois.

— Oh ! rien du tout, rien du tout, répondit-il en jetant, malgré lui, un coup d’œil sur la pile de billets de banques qui était sur la table. Ce n’est pas la peine, ce n’est pas la peine.

Le capitaine avait souri, en voyant la direction involontaire qu’avait pris le rayon visuel de l’avocat vers ces petits chiffons, dont la puissance magnétique exerce une si grande influence sur les destinées humaines, en dépit de la mésaventure du chameau