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UNE DE PERDUE

l’effet de la crispation des nerfs ; tout son corps trembla. Il eût désiré mourir : mais la main de la justice humaine devait s’appesantir encore plus rudement sur lui.

La figure du capitaine Pierre de St. Luc était calme, sérieuse et solennelle, un peu pâle par l’effet de la fatigue qu’il avait éprouvée. La multitude se recula pour lui faire un passage, et il s’avança lentement vers le banc des avocats, où M. Préau lui fit apporter une chaise.

Ceux qui ne connaissaient pas le capitaine, demandaient quel était ce personnage qui créait une si grande sensation. Ceux qui le connaissaient, répétaient son nom à haute voix. L’excitation et le tumulte étaient à leur comble ; et les huissiers ne pouvaient plus réussir à imposer le silence et à rétablir l’ordre. Le juge allait suspendre la séance, quand M. Préau fit signe de la main à la foule qu’il voulait parler.

— « Votre honneur, dit-il, et vous, messieurs, vous avez été frappés de surprise à l’apparition de M. Pierre de St. Luc, et vous aviez raison de l’être. Victime du plus diabolique et du plus inexpliquable complot, on le fit passer pour noyé, et on substitua le cadavre d’un autre au sien pour tromper les yeux du public. Je dis inexpliquable, car les auteurs de l’attentat paraissent, avoir agi sans but et pour le seul désir de commettre un crime. Heureusement que M. de St. Luc a pu s’échapper des mains de ses meurtriers, qui maintenant sont tous… tous peut-être entre les mains de la justice. Si vous avez été réjouis, si nous sommes tous heureux de le revoir au milieu de nous, venant recueillir une fortune qui