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DEUX DE TROUVÉES

de feu Alphonse Meunier, et l’ouvrit sur son pupitre en souriant d’un rire de triomphante satisfaction ; ses yeux brillèrent de plaisir, et il se mit à parcourir à grands pas son étude, en se frottant les mains de bonheur.

Vive Dieu ! murmurait-il, je n’ai plus que douze heures à attendre. Il est minuit, et demain à midi je serai nommé administrateur, ou plutôt non, le petit Jérôme sera reconnu comme le fils légitime de feu M. Meunier, et moi, en ma qualité de tuteur, je deviendrai tout uniment l’administrateur naturel de ses biens ! ah ! ah ! ah ! Et cette vieille bête de juge, qui s’était imaginé que j’allais résigner mes fonctions de tuteur, et refuser l’administration ! oh ! oh ! oh ! refuser l’administration de plusieurs millions, moi, Léon Rivard ! oh ! oh ! oh ! Buvons un verre de madère à la santé de la perspicacité de son honneur le juge de la Cour des Preuves !

Il tira une bouteille de l’armoire, s’en vida un plein verre, qu’il sirota avec une ineffable sensualité, en fermant à demi les yeux, et se faisant claquer les lèvres après les avoir léchées de sa langue.

Il n’est pas mauvais du tout ce madère ! continua le docteur, en se parlant à lui-même ; maintenant voyons notre richesse, ou plutôt celle de notre pupille ! oh ! oh ! oh ! Je connais déjà le testament par cœur ; mais c’est égal, ça ne nous fera pas de mal de le relire encore une fois, une petite fois ! voyons, commençons par le commencement : « Me sentant attaqué d’une maladie incurable, &c. » Il avait deviné juste, le vieux ! « Je recommande mon âme à Dieu. » Oh ! oh ! oh ! comme s’il avait eu besoin de lettre d’introduction ! Je lui avais donné son passe-