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UNE DE PERDUE

— À l’hôtel St. Charles, mais vous courez risque de vous faire reconnaître !

— On peut peut-être me reconnaître, mais me prendre c’est une autre chose. Il faut absolument que je voie Miss Sara Thornbull ; je la verrai !

— Écrivez-lui un mot et je le lui porterai ; mais, je vous en prie, ne vous exposez pas, mon général.

Cabrera marcha quelque temps sans répondre, et réfléchissant sur ce qu’il devait faire.

— Tu as raison, dit-il, retournons chez toi ; je lui écrirai.

Quand il fut arrivé, il prit une feuille de papier et écrivit :

« Sara, tu dois me maudire, moi un pirate, moi un monstre ! Mais je t’aime, et je veux te voir, quand je devrais mourir après ! Exposé à être pris et pendu, traqué par toute la police de la ville, je suis décidé à tout braver pour te voir ; et je te verrai, quand je devrais aller moi-même, en plein jour, te trouver à ton hôtel, en présence de tout le monde ! tu me connais, je suis homme à le faire.

Ce soir à six heures je t’attendrai sur la place Lafayette. Viens-y si tu ne veux pas que je commette une folie. — Sara, je me livre à toi, et tu peux me livrer aux autorités si tu veux ; mais j’ai confiance en toi, aies confiance en moi. »

« Antonio. »

Il plia la lettre, la cacheta et la donna à Édouard Phaneuf, avec ordre de ne la remettre qu’à Miss Thornbull elle-même, le lendemain matin.

— Fumons un cigare, maintenant, et buvons un verre de bière, dit Phaneuf, vous devez en avoir besoin.