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UNE DE PERDUE

CHAPITRE XXII.

un cocher improvisé.


Presque toute la partie inférieure de la Louisiane se trouve couverte de prairies flottantes, qui s’étendent à plus de 20 et 30 milles dans l’intérieur, en partant du golfe du Mexique. Ces prairies ont été formées par l’accumulation constante des joncs et de toutes espèces de plantes marines qui, se mêlant, s’enlaçant les unes dans les autres, et se trouvant cimentées par le dépôt limoneux des eaux du Mississipi, finirent par prendre de la consistance et de la solidité. Ces immenses gazons, poussés au gré des vagues comme des cageux de plantes aquatiques, flottèrent d’abord çà et là, quelques-uns allant se briser et se perdre dans le golfe du Mexique, quelques autres repoussés par la marée et les vents du sud, finirent par s’unir à la terre ferme. Leur agglomération continuelle finit par couvrir d’immenses étendues, et ces gazons offrent maintenant le spectacle d’immenses prairies flottantes qui s’étendent à perte de vue, entrecoupées d’innombrables bayous étroits, tortueux et profonds, qui tous vont se jeter dans le golfe du Mexique ou se perdre dans les lacs. Ces bayous sont de véritables dédales, se croissant les uns les autres, tellement qu’il est extrêmement dangereux de s’y hasarder. Si des bayous on veut sauter sur les gazons, on court risque de s’y enfoncer, ou du moins de se voir arrêter dans sa marche par mille bayous, qui à chaque pas les coupent, dans toutes les directions.