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DEUX DE TROUVÉES

— Bon ! se dit-il à lui-même, je suis bien aise de m’être trouvé ici à temps pour avoir le mot de l’énigme. Ce vaisseau, c’est le Zéphyr ; ce capitaine, c’est le fameux capitaine Pierre ; nous avons déjà fait connaissance, nous la renouvellerons encore, c’est curieux que je ne l’aie pas reconnu ; le Zéphyr porte la remise que doit faire la maison Munoz & Cie., de Rio, à la maison Meunier de la Nouvelle-Orléans. Un million !… Tout ça, c’est bon à savoir. Voyez donc, moi qui n’attendais le Zéphyr que dans une quinzaine de jours, au plus tôt !

Et cet homme qui avait deviné tant de choses par le seul nom de St. Luc, s’élança sur un superbe cheval barbe, qu’un nègre tenait par la bride à quelques pas en arrière, et partit au grand galop. Nous le reverrons plus tard.

Maintenant nous prendrons la liberté de suivre les passagers de la chaloupe et de monter avec eux à bord du Zéphyr.

La première chose qui frappait, en montant sur le pont, c’était la propreté et l’ordre admirable qui régnaient partout.

Le capitaine Pierre aimait son Zéphyr. Tout son orgueil c’était de le parer ; tout son plaisir de l’embellir. Tout était du goût le plus exquis ; la mâture, les gréements, les voiles, tout était calculé, taillé avec la plus minutieuse exactitude pour la plus grande force et la plus grande vélocité.

La cabine du capitaine était un véritable petit boudoir ; tapis de Turquie, divans, fauteuils, glace de Venise, rien n’y manquait. Elle avait plutôt l’air de la maison d’une petite maîtresse que de la chambre d’un matelot ; mais si cette cabine avait l’apparence