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DEUX DE TROUVÉES

lagé d’une grande inquiétude, et il se réjouit à l’idée que ses assassins allaient être pris à leur propre piège.

Les chevaux, lancés au grand trot, ne tardèrent pas à arriver en vue de l’habitation des champs. L’étage inférieur était enveloppé dans la plus profonde obscurité ; une lumière faible jetait sa pâle lueur sur les murs gris de la chambre supérieure où la mère Coco-Létard recélait ses marchandises.

En arrivant, Pluchon fit entendre le signal accoutumé ; personne ne répondit. Il répéta le signal, et cette fois une figure se montra à la fenêtre et regarda avec précaution. Personne ne bougea dans la voiture. Pluchon répéta pour une troisième fois le signal, en l’accompagnant d’un énergique juron. Enfin la fenêtre s’ouvrit et une voix demanda :

— Qui va là ?.

— Parbleu ! des amis, répondit Pluchon d’un ton vexé, venez nous ouvrir.

— Vous pouvez entrer, la porte est ouverte. À propos, que voulez-vous ?

— Nous sommes trois, et nous vous amenons un nègre marron, qui ne marronnera plus après ce qu’il s’est attiré.

Trim, en entendant la voix de Léon Létard, car c’était bien lui qui avait parlé du haut de la fenêtre, sentit un frisson lui courir par les membres ; et la réaction que lui causa ce désappointement était d’autant plus grande qu’il avait eu plus de confiance dans sa libération et plus d’espoir de se saisir de ses agresseurs, et de parvenir par là à la découverte des auteurs de l’attentat commis sur son maître.

— Eh bien ! entrez, continua Léon ; je suis seul ici,